Toujours jêune
Article paru dans le Journal du Yoga n° 172 - Mai 2016
JdY Quel
type de jeûne pratiquez-vous pendant vos stages ?
Laura Azenard C’est le jeûne hydrique. Il est calqué sur la méthode du Dr Otto
Buchinger, médecin allemand. Il a ouvert sa propre clinique en 1935, après
s’être guéri d’un rhumatisme invalidant. Il propose de limiter la ration
alimentaire à 250 calories, en deux prises journalières, le matin des jus de
fruits frais et en fin de journée un bouillon de légumes filtré. L’eau est à
volonté. À cette diète sont associés dans la journée des temps d’activité,
comme la promenade, et des temps de repos. Enfin, une forme plus légère est le
jeûne diététique, avec tisanes, bouillons et jus de fruits frais. Celui-ci
s’adresse aux personnes en bonne santé !
JdY Quelles sont les actions sur l’organisme ?
L.A. L’appareil digestif sera au repos, sauf le foie ! C’est vraiment lui qui
travaille pendant le jeûne ! Après une demi-journée de jeûne, la réserve de
glycogène (glucose stocké dans le foie et dans les muscles) est épuisée. C’est
la néoglucogenèse. Cette synthèse du glucose via le foie se fait
essentiellement à partir des acides aminés (recyclage des cellules mortes,
protéines glyquées, cellules musculaires si absence d’exercice). C’est pourquoi
la pratique d’une activité physique, yoga ou randonnée, pendant le jeûne est
importante. Elle permet d’optimiser la fabrication de molécules de glucose et
d’entretenir sa masse musculaire. La transformation des protéines issues des
muscles ne se fait qu’en dernier lieu, c’est-à-dire quand toutes les réserves
de graisses seront épuisées, généralement au bout de trois semaines de jeûne.
On ne perd donc pas de muscle quand on jeûne une semaine. Comme il n’intervient
plus dans la digestion, il se concentre sur cette fonction de « nettoyeur » du
corps, et va s’occuper de tout ce dont le corps n’a pas besoin, les tissus
graisseux, kystes, cellules mortes, excroissance de peau… Bref, une chasse aux
toxines, le travail du foie est soutenu par une bouillotte chaude pendant les
temps de repos, pour soutenir son activité d’organe.
JdY Quelles sont les différentes étapes et durées d’un jeûne ?
L.A. Une semaine, c’est déjà bien. Le premier jour, vous ne ressentirez pas
grand-chose, vous êtes sur l’énergie des derniers aliments ingérés, même si
vous vous préparez votre corps par une descente alimentaire de quelques jours.
La deuxième et la troisième journée, il est possible de ressentir des symptômes
liés à la crise d’acidose comme des maux de tête, de la faim, des insomnies…
Cela dépend de votre degré « d’intoxination ». Si vous avez déjà un régime
hypotoxique, il peut très bien ne rien se passer. C’est l’étape du changement
d’habitude, où nous surprenons le corps et donc la tête. Il n’y a aucune
crainte à avoir. Passé ce cap, on se sent bien, avec de l’énergie, sans
insomnie ni maux de tête. Votre corps a retrouvé ses repères. Et jusqu’à la fin
du jeûne, on se sent de mieux en mieux. Chaque journée est une embellie…
Certains viennent pour éprouver une clairvoyance de l’esprit, trouver des
solutions à un problème. La digestion nous préoccupe plus qu’on pourrait le
penser !
JdY Pour quels types de pathologies pourrait-on compléter un traitement avec le
jeûne ?
L.A. Toutes les cliniques qui ont ouvert selon les principes d’Otto Buchinger
ont des résultats très positifs sur des maladies inflammatoires chroniques,
comme les rhumatismes et les arthroses. j’en suis l’exemple vivant ! Mais on
note également des améliorations remarquables pour des affections comme le
diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme, l’insuffisance cardiaque et les
allergies ! Une autre motivation est le surpoids. Bien que le jeûne ne soit pas
un régime, il est par contre un excellent déclencheur de changement. C’est un
temps qui permet d’appréhender autrement qu’intellectuellement que « nous
sommes ce que nous mangeons ». Après une cure, nous souhaitons faire perdurer
cet état de bien-être, et les habitudes alimentaires sont remises en question.
JdY Et pour un premier jeûne, vous conseilleriez quoi ?
L.A. Allez dans un centre, vous jeûnerez dans un climat de bienveillance, loin
des tentations de votre frigo et des commentaires de votre entourage,
accompagné par des professionnels de la santé. Vous offrirez ainsi une vraie
coupure et un vrai temps pour soi. ■
À lire : Comment j’ai vaincu l’arthrose, de Laura Azenard, Thierry Souccar Éd., 14,90 e, 207 p.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire